Dix mesures pour transformer l'enseignement supérieur en cinq ans


Notre système d'enseignement supérieur et de recherche s'appuie sur une longue tradition historique. Alors que la France a probablement inventé le concept d'université et a longtemps bénéficié d'un rayonnement universitaire incomparable, sa capacité de répondre aux défis de la société de la connaissance et d'une ouverture internationale sans rivage suscite aujourd'hui des interrogations.
Quelle que soit la qualité des enseignants et des chercheurs français, le doute s'est installé sur des questions majeures, auxquelles la Fondation Concorde apporte des propositions de réponses.

Ce doute porte sur la qualité et la performance d'un système dont les étudiants subissent un taux d'échec trop élevé, notamment en premier cycle, dont certains diplômés ont du mal à accéder dans des conditions favorables au marché de l'emploi et dont les établissements les plus prestigieux peinent à se faire reconnaître dans les classements internationaux, quelles que soient les réserves qu'appellent les méthodologies utilisées par leurs auteurs.

De plus, le système n'apparaît plus assez démocratique. D'une part, sa performance en termes d'accès des jeunes à l'enseignement supérieur le situe à un rang peu flatteur dans les comparaisons internationales. D'autre part, la culture de la performance précoce dont il est porteur tend à favoriser une minorité d'individus qui reçoivent un certificat initial, garantie de statut social et de rémunération qui les accompagnera parfois durant leur vie entière. À cet égard, ce système qui consacre précocement mais qui exclut également de façon prématurée est souvent mis en cause comme un obstacle à la mobilité sociale et comme un des facteurs de l'immobilisme qui affecte notre société. Cette mise en cause est d'autant plus sévère que le principe de méritocratie, cher à la tradition républicaine, se trouve aujourd'hui confronté à l'émergence d'un modèle d'éducation tout au long de la vie qui s'implante et qui réussit dans de nombreux pays étrangers.

Si l'enseignement initial doit jouer son rôle de détection des compétences et des potentiels – c'est ce qu'on appelle aussi la
sélection, il est également souhaitable qu'il puisse répondre au profil d'individus qui ont besoin de plus de temps pour mûrir et pour faire leurs preuves ou à ceux qui disposent de capacités de création, d'encadrement ou d'initiative moins valorisées par le système scolaire et pourtant essentielles pour leur réussite professionnelle et sociale.
La nécessité d'ouvrir largement le débat relatif à l'enseignement supérieur tient également à ses enjeux économiques. Pour les individus, le passage par une formation qualifiante permettant une forte valorisation professionnelle accroît leur capital humain et leur permet d'accéder à des perspectives de revenu et d'activité fortement attractives ; des études récentes suggèrent qu'une année d'études supérieures supplémentaire permettrait une hausse de rémunération de 10 % pour ses bénéficiaires. Pour la collectivité nationale, l'enjeu macroéconomique est également essentiel dans une économie fondée de plus en plus largement sur la production, la diffusion et la valorisation de la connaissance. Les travaux disponibles  établissent une relation clairement positive entre l'effort national alloué à l'investissement d'enseignement supérieur et le potentiel de croissance.

C'est dire que la place de la France parmi les nations développées et les pays émergents, sa capacité de soutenir le niveau
de vie de ses habitants et d'assurer un emploi à chacun d'entre eux sont étroitement liées à l'ampleur de son effort en faveur de l'enseignement supérieur et de la recherche, mais également à l'efficacité des mécanismes d'allocation des ressources engagées et aux capacités des établissements qui en bénéficient. C'est dire également que, dans un contexte budgétaire difficile, la rigueur qui sera appliquée à la dépense publique devra épargner le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche qui devrait même faire l'objet d'une augmentation « sanctuarisée », au minimum pendant
les cinq ans de la future mandature présidentielle.
Dans un domaine où la volonté réformatrice s'est trop souvent épuisée sur la difficulté de faire émerger des priorités claires ou sur les infinies complexités de l'application, la contribution proposée par la Fondation Concorde met l'accent à la fois sur la nécessité de dégager une perspective stratégique d'ensemble et sur l'attention particulière qu'il convient de prêter aux problèmes d'application.


C'est pourquoi elle propose d'articuler tout projet de changement sur une clarification des missions assignées par la Nation à l'enseignement supérieur et à la recherche (Première Partie). La clarification des missions permet de mettre en perspective l'effort de rénovation à engager ou à poursuivre pour renforcer la cohérence et la pertinence de l'offre française
d'enseignement supérieur (Deuxième Partie). Mais il faut également que les modes d'organisation, de pilotage des
établissements ainsi que leurs mécanismes de gouvernance soient transformés pour prendre en compte le renouvellement de leurs missions et pour élargir l'espace d'initiative et de responsabilité ouvert aux responsables universitaires (Troisième Partie).

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