L’annonce récente d’une baisse des effectifs de la catégorie A de 3,2% sur un an est une bonne nouvelle relative. Avec un taux de chômage de 9,6%, la France reste à des années lumières de l’Allemagne (3,9%), de la Grande-Bretagne (4,6%) ou des Pays-Bas (5,3% ) et éloignée de la moyenne européenne qui se stabilise autour de 8,2%.

Un résultat plus inquiétant encore lorsqu’on l’analyse dans le détail : 25% des actifs de moins de 25 ans sont au chômage et 2,4 millions de personnes sont considérées comme des chômeurs de longue durée, un résultat en augmentation de 146% depuis 2008. Incapable d’apporter des solutions aux causes profondes du chômage français – une surtaxation du capital qui freine les investissements et donc la création d’emplois, un coût du travail trop élevé notamment pour les catégories les moins qualifiés, des taxes à la production trop importantes qui participent à la lame de fond de désindustrialisation du pays, etc. -, l’exécutif a mis en place une kyrielle de dispositifs qui relève plus du traitement palliatif que d’une thérapie de choc nécessaire au redressement du pays.

Comment, dès lors, résoudre le problème du chômage de masse, si on exclue le principal moteur de la création d’emploi que sont les entreprises ?

Appelés contrat de génération, emplois d’avenir, garantie jeune, contrat d’insertion à la vie sociale, prévention du chômage de longue durée (c’est-à-dire stages), etc., des dispositifs coûteux et inefficaces, puisqu’ils associent le secteur marchand dans moins de 20% des cas, ont été déployés. Comment, dès lors, résoudre le problème du chômage de masse, si on exclue le principal moteur de la création d’emploi que sont les entreprises ? On y retrouve le plan «  500 000 formations » qui a participé à l’augmentation de 17,7% des effectifs de la catégorie D de Pôle Emploi sur un an, catégorie généralement occultée dans les chiffres du chômage au profit de la seule catégorie A. L’arrêt prévu de ce plan en décembre 2017 fera malheureusement mécaniquement augmenter les effectifs de la catégorie A.

On peut craindre un taux de chômage à 11,7% d'ici à la fin de l'année 2017

Au total, plus d’un million de personnes, jeunes pour la plupart, bénéficient actuellement de ses dispositifs et sont donc temporairement non comptabilisés dans la catégorie A ; sont-ils pour autant sur le chemin de l’emploi ? Il est à craindre que l’extinction prévue de ces dispositifs, totalement déconnectés de la réalité du marché de l’emploi, ramène une bonne partie de ces personnes à la case chômage. Si on estime que la moitié parvient à trouver un emploi, on pourrait donc craindre que le taux de chômage augmente à 11.7% d’ici la fin de l’année 2017. Le pire n’est jamais sûr mais il serait prudent d’anticiper ce contrecoup en évitant d’appliquer les mêmes vieilles recettes. Il est possible de pallier l’arrêt de ces dispositifs inutiles par des mesures à effet immédiat sur l’emploi ; ainsi, nous proposons :

  1. Un plan pour former les chômeurs aux métiers sous tension qui sont non pourvus ; Pôle emploi en dénombre 190 000, le Medef évoque 350 000 emplois dans les secteurs du commerce, des transports, de la restauration et des services aux particuliers.
  2. Doubler les seuils sociaux : en libérant les entreprises de certaines contraintes réglementaires, cela permettra immédiatement la création d’emplois.
  3. Protéger l’entreprise qui recourt à des auto-entrepreneurs en empêchant toute requalification de la prestation de service en contrat de travail.
  4. Proposer un contrat dérogatoire au Smic pour les populations éloignées durablement de l’emploi (près d’un million de personnes ont une ancienneté supérieure à 4 ans au RSA)

Un effort de long terme devra en parallèle être engagé pour redresser durablement la compétitivité de nos entreprises : l’allègement de charges sur les impôts à la production, la transformation du CICE en baisse de charge sur l’ensemble des salaires, l’allègement de la pression réglementaire sur les entreprises, une baisse de la fiscalité du capital pour redynamiser nos investissements et la réforme de la formation professionnelle pour la rendre (enfin) en phase avec le marché de l’emploi.

Le chômage de masse n’est pas une fatalité ; nos voisins en sont sortis et nous disposons des ressorts pour y parvenir. Reste à appliquer les bonnes réformes.

Jennifer Pizzicara

Déléguée Générale de la Fondation Concorde