La campagne présidentielle touche à sa fin. Une campagne caractérisée par le rejet de l’Union Européenne et de la mondialisation désignées responsables du déclassement des Français.

 

La stratégie de la peur

 

Surfer sur les peurs des citoyens est un procédé qui continue de faire recette. Le déclassement qui menace les Français et qui serait le fait conjoint des technocrates de Bruxelles et des ouvriers chinois, est agité par les populistes de droite et de gauche.

Sur les 11 candidats à la magistrature suprême, 8 veulent en finir avec le libre-échange qui aurait participé à l’affaissement économique de la France. 9 candidats remettent en cause l’Union Européenne ou la monnaie unique, en la taxant de tous les maux, l’accusant de nuire à la souveraineté française et d’imposer l’austérité aux Etats membres. Dans cette campagne présidentielle, le « c’est la faute de Bruxelles » permet à chacun d’accuser un ennemi invisible, plutôt que de se remettre en question.

 

Est-ce vraiment la faute de Bruxelles ?

 

Jeter la responsabilité sur l’Europe et la mondialisation est un fin coup stratégique, permettant d’accuser plutôt que de s’excuser. Les conséquences du décrochage économique sont réelles : un taux de chômage à 10%, un taux de pauvreté à 14%, une croissance atone à 1,3%, un déficit commercial de 60 milliards€ ne sont pas les indicateurs d’une économie qui se porte pour le mieux.

Néanmoins, comment expliquer que nos voisins, appartenant pourtant au même espace européen que nous, et engagés dans le même processus de mondialisation, disposent d’une vitalité économique qui nous font pâlir d’envie ? Personne ne répond à cette question !

Le décrochage économique français apparait en 2000, lorsque nous avons à la fois rigidifié notre marché du travail via les réformes Aubry tandis que nos partenaires flexibilisaient le leur, et lorsque nous avons porté notre dépense publique au-delà de 50% de PIB, faisant irrémédiablement chuter la compétitivité de nos entreprises et de nos industries.

Les industries françaises paient un surplus de charges et d’impôts de 140 milliards d’euros par rapport à leurs homologues allemandes. La conséquence est sans appel, l’industrie, principal moteur de notre économie a vu sa part dans notre PIB diminuer de moitié depuis 1980. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir averti des dangers d’une politique budgétaire expansionniste. De nombreux économistes l’ont démontré ces dernières années, et la Commission Européenne que l’on accuse de vouloir réaliser un dumping social en France, cherche au contraire – à travers ses recommandations du semestre européen – à nous inciter à réaliser les réformes nécessaires pour nous permettre de recoller au peloton européen.

Le décrochage économique français n’est donc pas le fait de la mondialisation, mais bien le fruit de mauvaises décisions politiques et économiques qui ont privilégié toujours plus de dépenses publiques au détriment de ceux qui créent la richesse et l’emplois en France : les entreprises. Le plus inquiétant est que la seule réponse apportée aujourd’hui est le protectionnisme dit solidaire ou intelligent, qui plongerait la France dans une impasse.

Le décrochage économique français n’est donc pas le fait de la mondialisation, mais bien le fruit de mauvaises décisions politiques et économiques

 

Les conséquences d’une fermeture des frontières

« Si nous fermons les frontières et que nous privilégions les entreprises françaises, elles pourront être à nouveau florissantes ». Ce postulat en plus d’être faux est extrêmement dangereux. Dans un monde globalisé sans frontières, aucun Etat ne peut évoluer de manière solitaire. Le dernier exemple le plus concret est celui de l’Argentine. En 2007, l’encadrement de l’économie et la régulation des importations a fait exploser l’inflation – 25% en moyenne par an – a atténué la croissance, la faisant passer de 9% en 2006 à 0% en 2011, a fait chuter les importations, et ainsi développé le marché noir et la pauvreté. Un modèle de vertu économique !

En combinant les effets d’une sortie de l’euro, de l’Union Européenne et la mise en place de droits de douane importants, le prix du litre de diesel doublerait en passant de de 1,27€ à 2,41€

Si la même politique était menée en France, les effets seraient catastrophiques. La France n’étant pas autosuffisante d’un point de vue industriel et énergétique, nous souffririons d’une fermeture des frontières. Par exemple, la France importe en moyenne chaque année 105 millions de tonnes de pétrole, soit 98% de sa consommation annuelle. En combinant les effets d’une sortie de l’euro, de l’Union Européenne et la mise en place de droits de douane importants, le prix du litre de diesel doublerait en passant de de 1,27€ à 2,41€ ! Autre exemple, qui toucherait à la santé publique.

La France importe chaque année pour 17 milliards € de médicaments, vaccins et matériels médicaux, que nous sommes incapables de produire sur notre territoire. Combien de Français pourront continuer à s’offrir ces biens de première nécessité une fois que leurs prix seront majorés de droits de douanes ou qu’ils seront disponibles uniquement sur le marché noir ? Enfin, notre outil de production serait le plus grand perdant du protectionnisme. Pour produire des biens sur le territoire national, nos PME devront, quoi qu’il en soit, recourir à des importations (de matières premières ou de bien intermédiaires) qui leur coûteront plus chers. In fine, nos PME produiront des produits plus chers qui n’auront pas ou peu de débouchés à l’international ! Ce sera l’effondrement définitif de notre industrie.

 

La progression dans l’opinion des chantres du protectionnisme révèle une peur du déclassement qui trouve ses origines dans la désindustrialisation de nos territoires et la crainte d’une perte de souveraineté de notre pays. Or, il ne faut pas se tromper, le protectionnisme ne fera qu’accélérer l’effondrement du pays. Retrouver la prospérité est à portée de main à condition que l’on s’en donne les moyens politiques et économiques en agissant sur ce qui mine notre appareil productif : un excès de dépense publique qui, sans donner pleinement satisfaction, asphyxie ceux qui créent des emplois.

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