Le jeudi 05 octobre, la Fondation Concorde recevait Nicolas Bouzou, économiste et essayiste, fondateur d'Asterès et du Cercle de Belém et auteur du livre « Le travail est l’Avenir de l’Homme » (édition Observatoire) pour discuter du sujet de son dernier ouvrage. 

 

La fin du travail : une peur historique

La crainte de la fin du travail n’est pas récente. En effet, ce phénomène a toujours existé. Comme le rappelait Nicolas Bouzou, durant l’Antiquité, plus l’on travaillait, plus l’on était au bas de l’échelle sociale. De nombreux dirigeants ont tenté de freiner la course au progrès technologique. L'empereur Tibère avait ainsi fait exécuter l'inventeur du verre incassable, car son invention allait détruire des emplois.

L’apparition de nouvelles technologies a exacerbé cette crainte. Nicolas Bouzou a fait référence à la théorie de la création par la destruction, inévitable selon lui puisque les besoins de l’Humanité sont infinis. La technologie détruit rapidement de l’emploi, mais a contrario, nous pouvons prendre le temps de réfléchir aux méthodes permettant ainsi d’éviter la destruction. Dans le concept de destruction créatrice de Schumpeter, historiquement, la création l’a toujours emporté sur la destruction, car les innovations se font en grappe et génèrent ainsi plus de nouvelles tâches qu'elles n'en détruisent. 

Emploi et Intelligence Artificielle (IA)

L’avantage de l’Homme, c’est son intelligence, et c’est précisément cela que l’Intelligence Artificielle vient remettre en cause. Nicolas Bouzou a pris l’exemple de la voiture autonome, que beaucoup qualifient de robot.  La voiture autonome n’est pas un robot, c’est une IA. Elle est également une création destructrice, notamment pour les chauffeurs routiers, les taxis etc. Il existera peut-être à termes une IA forte, c’est-à-dire une IA qui a conscience d’elle-même.

Des études scientifiques ont par ailleurs établi un lien entre l’emploi et la technologie : les pays qui utilisent le plus la technologie sont également ceux qui ont un meilleur taux d’emplois. 

En effet, la disparition du travail n’est pas encore pour tout de suite. Pour cela, il faudrait que l’IA soit meilleure que nous et qu’elle soit capable de subvenir à ses propres besoins, ce qui est associé à l'émergence d'une IA forte, ce qui n'est pas encore à l'ordre du jour.

 

De la théorie du déversement

Développée par Alfred Sauvy, la théorie du déversement considère que le progrès technique ne nie pas à l’emploi ni à la croissance. Comme développé plus haut, les machines ne détruisent pas l’emploi. Cette théorie est particulièrement pertinente à l’époque actuelle. Nicolas Bouzou a pris l’exemple d’AirBNB et a expliqué que la plateforme de logement permettait également de créer d’autres richesses.

 

Le paradoxe de Moravec

Dans le combat Humain vs machine, le paradoxe de Moravec apparaît comme un phare au milieu de la nuit pour les plus fragiles qui ont peur de voir leur emploi disparaître. Formulé par l'ingénieur Hans Moravec dans les années 80, il nous expose que les robots prendront plus facilement la place des métiers qualifiés que des non qualifiés. Ainsi il sera plus facile de remplacer un comptable qu'un boulanger. Ce paradoxe se base sur le fait que bon nombre de métiers non qualifiés sont manuels et mobilisent des connaissances tacites qui sont très difficiles à reproduire chez une machine. 

Conclusion

L’enjeu lié à la disparition du travail est plutôt un enjeu d’adaptation : il faut adapter notre modèle, adapter nos entreprises. Pour cela, nous avons besoin de flexibilité et d’un système de formation performant. En ce sens, les ordonnances relatives à la loi travail vont dans le bon sens. Il convient alors de ne pas rater la réforme annoncée de la formation professionnelle. 

Le second enjeu est de trouver la compétence, parce qu’une vraie politique économique est une politique qui forme et qui fait des talents.

Poster un commentaire

Nous respectons votre vie privée et ne publierons pas vos données personnelles.